Comment vous sentez-vous lorsqu’une personne, proche ou inconnue, vous dévisage, vous toise du regard, vous évalue ? Un malaise, un sentiment de rejet, flatté-e ? Et qu’en est-il lorsqu’une personne devine ce que vous ressentez, ce que vous tentez de cacher sans succès ? De la gêne, de la surprise, voire de la honte ? En quoi est-ce si différent et pourquoi un regard évocateur suscite de la colère alors que l’interprétation correcte d’une pensée ou d’un sentiment plutôt de la gêne ou de l’étonnement ? La première des émotions certainement contrôlée, l’autre absolument pas. Que se passe-t-il lorsqu’une personne franchit cette frontière ou les mots n’ont plus court, ou le seul langage qui subsiste est non verbal ? Pourquoi semble-t-on plus enclin à une pudeur physique qu’a celle de notre esprit ?

Une réponse évidente pourrait déjà être que notre physique est visible de presque tous, dans une certaine mesure, alors que notre esprit reste insondable pour la majeure partie de notre entourage. En découle une aversion pour le jugement brut et direct du regard de l’autre et de l’étonnement lorsque notre esprit, nos pensées si intimes soient-elles, sont découvertes. Mais à mon avis, il est également possible qu’au-delà du jugement des autres et de la subjectivité, il y ait également une problématique liée au culte du corps qui, selon les médias et les réseaux sociaux, nous amènera sans faillir au succès alors qu’un bel esprit n’attire guère que de l’incompréhension et du rejet de la part des masses consuméristes.

Et pourtant, il existe à mon sens une autre raison évidente à cette différence de réaction émotionnelle. Le fantasme absolu de certains-es d’entre-nous à trouver notre âme sœur, celle qui fait mais surtout celle qui pense comme nous. Notre double, celui ou celle avec qui notre vie sera complète mais l’humain que nous somme n’est pas dupe, point d’hypocrisie sur cet aspect, il ne nous sera pas identique physiquement, mais spirituellement et c’est là qu’entre en compte notre trouble lorsque, au détour d’une conversation, d’un débat d’idée ou d’un simple échange de courtoisie, totalement inattendues la symbiose, l’harmonie s’installe et que le temps semble alors se figer. Notre esprit se met à vibrer de concert et nos mots, nos expressions non verbales n’ont plus cours. Il arrive alors que nos yeux s’écarquillent, nos pupilles se dilatent, notre souffle se fait court et que notre cœur se sent submergé par une émotion d’une force incroyable. Toujours sans un mot, nous savons que nous nous sommes compris et que nos émotions nous ont permis de nous trouver.

Il existe à mon sens un sens profond à nos échanges et nos rencontres qui ne doit rien au hasard. Une résonnance particulière qui s’active uniquement avec certaines personnes et pas avec d’autres. Comme un état de grâce absolue, qui illumine nos visages de sourires et parfois de larmes de joie

L’avez-vous déjà vécu ce trouble profond, ce sentiment que vos regards se sont plongés l’un dans l’autre et que plus rien, ni le son, ne le temps, ni la lumière ne pourrait s’en échapper ? Que s’est-il passé ensuite ? Partagez-vos expériences !